Au cours de l’année 1785, Pierre Du Calvet ne réside que brièvement dans la grande maison de pierre qu'il a fait construire à l'angle nord-est des rues Saint-Paul et de Bonsecours quinze ans auparavant. Il voyage beaucoup, en quête d'une justice qu'il a du mal à obtenir. Depuis l'occupation des Américains pendant l'hiver 1775-1776, Du Calvet connaît des revers de fortunes. Malgré tous ses efforts, il a du mal à faire rejeter les soupçons de complicité avec les rebelles qui pèsent sur lui et il ne réussit pas à être dédommagé pour ses marchandises pillées par l'armée américaine. Au début de l'année, il est à Londres où il réclame justice contre le despotisme du gouverneur Haldimand. En mars, il se rend à Paris pour y rencontrer l'ambassadeur des États-Unis en France, Benjamin Franklin, afin d'obtenir son appui dans sa demande de compensation auprès du gouvernement américain. Il va ensuite à New York et présente sa requête accompagnée de pièces justificatives devant le Congrès continental. Ayant reçu une indemnisation pour la moitié de ses réclamations, il revient finalement à Montréal avant l'hiver. Mais son séjour en ville ne dure que quelques mois, ses démarches n’étant pas terminées.
Du Calvet a immigré au Canada à la toute fin du régime français. Après quelques années en Acadie, il s'établissait à Montréal vers 1761 et s'engageait dans le négoce. Il était nommé juge de paix en 1766, fonction qu'il occupait jusqu'en 1775. Il épousait Marie-Louise Jussaume dit St-Pierre en octobre 1771 et devenait veuf dès 1774 après que sa jeune femme ait donné naissance à un troisième enfant. Au moment de l'invasion américaine, il fut soupçonné de complicité avec les rebelles, cette accusation le suivant pour le reste de sa vie et, avec elle, de fâcheuses conséquences. Une seconde accusation de trahison, basée sur de faibles preuves, menait à son emprisonnement en septembre 1780. Une fois libéré en mai 1783, il se lançait dans une intense campagne afin d'être innocenté de toutes accusations et de réformer l'administration de la justice au Canada. Il publiait en 1784 son Appel à la Justice de l'État, un véritable manifeste en faveur des libertés, qui déclenche un mouvement pour une réforme de la constitution de la province.
En février 1786 il quittera de nouveau la ville et au début mars il s’embarquera à New York à destination de l'Angleterre mais Il périra dans le naufrage du vaisseau durant le voyage. À cause notamment des frais occasionnés par ses procès et ses nombreux déplacements en Angleterre, en France et aux États-Unis, les dettes dépasseront la valeur des actifs. Le shérif saisira et vendra la maison Du Calvet et d’autres biens en 1789. |