Situé entre les rues McGill et des Soeurs-Grises, au nord de la rue Marguerite-D'Youville, le square des Frères-Charon (officiellement désigné ainsi le 28 avril 2008) doit son nom à la communauté fondée par Jean-François Charon de la Barre, également fondateur de l'Hôpital général de Montréal. L’existence de la communauté des frères Hospitaliers de la Croix et de Saint-Joseph est officiellement reconnue en Nouvelle-France en 1694. La même année, les lettres patentes royales sont signées par Louis XIV pour la maison de charité, mais pas pour la communauté religieuse. La communauté d’hommes pieux existe néanmoins dès les années 1690 et elle voit à la mise en place de l’institution. Pour les Montréalais, ce sont les frères Charon.
Le site correspondant aujourd’hui au square des Frères-Charon, qui se trouvait anciennement au milieu d’une prairie, fait partie, dès la fin du XVIIe siècle, de la vaste propriété concédée à François Charon de la Barre et à ses associés en vue de la fondation de l’institution charitable, destinée à prendre soin des personnes nécessiteuses de sexe masculin. La propriété est immense et comprendra divers bâtiments dont un moulin à vent. Les vestiges de ce moulin, mis au jour par les archéologues en 2004, se situent en partie sous la rue McGill et en partie sous le site.
En 1747, l'Hôpital général est pris en main par Marguerite d'Youville, fondatrice des soeurs Grises. Dès le début du XIXe siècle, un nouveau quartier prend forme à l’ouest du site de l’Hôpital; l’essor en est accéléré après 1825 par l’ouverture du canal de Lachine. On y trouve des maisons, des entrepôts et des manufactures de toutes sortes. Dans la propriété de la maison de charité, au moins un bâtiment de service occuperait en 1825 une partie actuelle du square des Frères-Charon. Quant au moulin, il disparaît avant 1841. Le prolongement de la rue McGill pour mieux desservir le port et l’entrée du canal de Lachine, qui se fait en deux étapes, en 1842 et 1845, requiert l’utilisation d’une partie de la propriété des sœurs dont la limite longe la rue des Sœurs-Grises, plus à l’ouest. Le petit îlot est alors formé.
L’îlot est vendu par les Sœurs Grises à John Young en 1853 qui le revend en 1855 à Sir Alexander T. Galt, grand promoteur des chemins de fer et politicien. William McNally l’achète en 1894. Pendant la durée de propriété de McNally, puis jusqu’en 1948 au moins, le terrain de l’îlot sert à l’entreposage de matériaux de construction : briques et tuyaux. Outre les bâtiments de service associés à cet usage, des petits comptoirs de vente de journaux et de tabac apparaissent avant 1930 du côté sud de l’îlot, face à un terminus de tramways et de trains de banlieue. Le terrain sert ensuite au stationnement des voitures, à l’exception d’un petit restaurant, peut-être un simple comptoir, encore présent au début des années 1960, après la fermeture de la gare. Le terrain est exproprié en deux temps : la moitié en 1963 pour les fins de l’égout collecteur Saint-Jacques-D’Youville, et le reste en 1974 pour les besoins d’une station de pompage. Le « parc des Frères-Charon » est officiellement créé comme parc le 23 juillet 1986, et aménagé en 1990.
Au tournant du XXIe siècle, divers projets de restauration et de construction transforment à nouveau l’environnement urbain tout autour de l’îlot. En 2007-2008, le square fait l'objet de travaux majeurs de réaménagement. Le concept d'aménagement contemporain évoque le paysage d'origine du site – la prairie et un marquage au sol souligne les vestiges de l'ancien moulin à vent.
Pour plus d'information sur l'aménagement actuel du square, veuillez consulter notre section Aménagement du square des Frères-Charon.
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