DES ÉQUIPEMENTS DE TRANSIT REMARQUABLES

Le Vieux-Montréal, centre ancien de la ville, représente depuis toujours un lieu de transit, comme en témoignent aujourd'hui des traces préhistoriques, historiques et préindustrielles. L'industrialisation de la ville à partir de 1850, et la grande période métropolitaine de Montréal, de 1880 à 1930, ont aussi laissé abondance de traces tangibles et éloquentes : magasins-entrepôts des années 1850-1880, pont Victoria, infrastructures portuaires avec silos à grains, grandes gares métropolitaines. L'époque moderne, ensuite, en plus d'avoir su conserver une très large part de ces témoins du passé, a légué le dernier grand terminus ferroviaire nord-américain du XXe siècle, et introduit un tout nouveau type d'équipement de transit urbain : un réseau piétonnier souterrain.

Un tel amalgame d'équipements de transit n'aurait pu se créer en vase clos : Montréal a constamment, et intensément, échangé idées et tendances, en matière d'architecture et de génie notamment, avec les autres régions d'Amérique et avec l'Europe. Les magasins-entrepôts montréalais, par exemple, ont offert une approche originale, tandis qu'en retour, les innovations américaines et britanniques ont été tôt diffusées et exploitées à Montréal. On ne saurait davantage oublier la contribution des silos montréalais au mouvement moderne en architecture, pas plus que l'exemple international du réseau piétonnier souterrain. Montréal s'est tenue à la fine pointe des innovations internationales en matière d'équipements portuaires, ferroviaires et de transit, en même temps qu'elle a souvent pris les devants en ces questions.

UN CENTRE-VILLE ANCIEN
UNIQUE EN AMÉRIQUE DU NORD

Comme nous venons de le rappeler, le rôle de Montréal comme plaque tournante continentale demeure lisible dans son centre ancien. Mais l'intérêt de la vieille ville tient également à son niveau de conservation sans conteste exceptionnel parmi les grandes villes nord-américaines. Si les bâtiments du XIXe siècle et du début du XXe témoignent du transit des personnes et des marchandises dans le passé, la Cité historique reflète tout autant la gestion de tous les aspects du développement d'un pays à partir de sa principale porte d'entrée — comme en fait foi, notamment, son centre financier du début du XXe siècle.

Historiquement, d'autres grandes villes nord-américaines ont joué un rôle semblable, et à une échelle bien plus grande parfois — New York ou Philadelphie, par exemple. Mais le Montréal d'aujourd'hui, à la différence des autres métropoles, se démarque par le fait que le boom moderne d'après-guerre a peu affecté le vieux centre et le vieux port, le centre-ville et le port s'étant tous deux déplacés en les laissant en place. La ville a aussi su conserver quatre de ses cinq grands terminus ferroviaires.

DE GRANDS EXEMPLES
DE MODERNISME ARCHITECTURAL ET URBAIN

Habitat 67, qui domine le vieux port de sa modernité tout en s'y inscrivant parfaitement, représente un exemple international incontournable d'architecture fonctionnaliste moderne — tel que voulu dès l'élaboration d'un projet abondamment débattu, et tel que confirmé, depuis, par de très nombreuses publications internationales. Pour sa part, le réseau souterrain de Montréal, développé de façon plus progressive et « organique », puisque sans conception unique initiale, représente une autre œuvre urbanistique moderne remarquable, dont le noyau initial, issu d'un projet ferroviaire lancé dès 1911, mérite une attention particulière. Enfin, plusieurs bâtiments d'envergure illustrent à merveille le modernisme architectural des années 1960.

Rappelons-le une dernière fois, un ensemble nord-américain aussi rare n'aurait pu exister (et ne saurait être compris) n'eut été de la situation géographique si particulière de la ville, moteur premier et indissociable du rôle historique et toujours bien vivant de Montréal, plaque tournante continentale et atlantique.

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