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ou lorsque
géographie et histoire
se rencontrent |
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UN
SEUIL CONTINENTAL
Montréal occupe une position
géographique unique en Amérique du Nord
: elle fut fondée au point précis où,
pour les navires arrivant de l'océan Atlantique,
la remontée du fleuve Saint-Laurent devient impossible.
Les tumultueux rapides de Lachine, au sud-ouest
de l'île, interdisent en effet toute poursuite
de la navigation fluviale en amont. Le passage n'est
pas davantage possible au nord de l'île : des
rapides ponctuent aussi les rivières des Prairies
et des Mille-Îles, autres grands cours d'eau baignant
l'archipel montréalais.
Montréal se trouve ainsi vis-à-vis
un seuil continental, à partir duquel
les Amérindiens et les pionniers venus d'Europe
se voient contraints à de multiples portages
pour pouvoir accéder aux territoires en amont
: les régions de la rivière Outaouais
et des Grands Lacs, et de là, les réseaux
hydrographiques du Mississipi, et ceux des prairies,
en direction du Pacifique.
UN HAVRE NATUREL MILLÉNAIRE,
DEVENU LIEU FONDATEUR
En 1642, les Français venus
fonder Montréal s'installent au lieu même
du point de rupture fluvial, sur une pointe de terre
située à l'embouchure d'une petite rivière dernier
havre naturel avant les rapides. Comme en font foi des
artefacts archéologiques, le lieu est connu des
Amérindiens depuis des millénaires. Pointe-à-Callière,
musée d'archéologie et d'histoire de Montréal,
marque aujourd'hui ce lieu fondateur et en abrite des
vestiges in situ, accessibles au public.
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BIENTÔT, UNE TÊTE
DE PONT ENTRE
AMÉRIQUE ET EUROPE
Sitôt fondée, Montréal
profite de son emplacement stratégique grâce
au commerce des fourrures préparées par
les Amérindiens des « Pays d'en Haut ».
Fortifiée au début du XVIIIe siècle,
la ville sert aussi de tête de pont militaire
de l'empire français d'Amérique et de
lieu privilégié d'échanges pour
la fertile région agricole environnante.
Conquise en 1760 par les Britanniques,
Montréal maintient son rôle de centre de
commerce des fourrures tout en diversifiant ses activités.
Comme c'était le cas sous le régime français,
tout ce qui circule au nord des colonies anglaises (puis
américaines) entre l'intérieur du continent
et l'Europe, transite par Montréal.
... PUIS UNE PLAQUE TOURNANTE
Les fortifications sont démolies
au début du XIXe siècle, et Montréal,
ville par laquelle passent les importations anglaises,
devient le principal centre régional d'échanges
entre le Bas-Canada (Québec actuel) et le Haut-Canada
(Ontario). Ce rôle de plaque tournante s'affirme
encore avec l'ouverture du canal de Lachine en 1825
(lequel permet de contourner les rapides du même
nom) et peu après, avec l'aménagement
du port. La multiplication de bâtiments commerciaux
en témoigne.
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... CANADIENNE
S'industrialisant à partir de
1850, Montréal devient rapidement la première
ville industrielle canadienne. En outre, de l'Atlantique
aux Grands Lacs, elle sert de centre de distribution
pour tout le Canada fédéré en 1867.
À la même époque,
le dragage d'un chenal au fond du fleuve autorise les
transatlantiques, au tonnage de plus en plus fort, à
se rendre jusqu'au port, lequel connaît un grand
boom. Le canal de Lachine est élargi pour
accommoder, lui aussi, une croissance marquée
de la navigation intérieure, et son énergie
hydraulique attire de multiples usines sur ses berges.
Navigation océanique et transport
intérieur se rencontrent également, grâce
aux chemins de fer qui convergent vers Montréal.
Pour la première fois, un pont, pour les trains,
franchit le Saint-Laurent à hauteur de Montréal.
Ce pont Victoria crée un lien direct avec les
États-Unis et avec l'Atlantique en hiver (alors
que le fleuve gèle), pour le fret comme pour
les passagers. La ville devient ainsi le principal centre
ferroviaire du Canada. Même le vieux centre, lieu
de transit lui-même et de gestion, connaît
des changements radicaux.
... CONTINENTALE, TRANSCONTINENTALE
Au cours des années 1880, les
Prairies, puis la côte ouest canadienne sont rejointes
par rail à partir de Montréal, laquelle
s'affirme maintenant ouvertement comme la métropole
du Canada. Deux entreprises montréalaises parviennent
même à tisser des circuits ininterrompus
jusqu'à la côte du Pacifique : un exploit
accompli avant tous les autres réseaux ferroviaires
nord-américains du temps, puisqu'aux États-Unis,
il faut faire des transferts pour traverser le continent.
De grandes gares continentales sont bâties
à Montréal pour desservir les nouveaux
réseaux canadiens.
Au tournant du XXe siècle, le
port est de nouveau réaménagé,
avec de gigantesques équipements servant notamment
à l'exportation des céréales de
l'Ouest.
Tout près de là, dans
le vieux centre, une Wall Street canadienne
formée progressivement au cours du XIXe siècle,
la rue Saint-Jacques ou St. James, prend une ampleur
considérable au tournant du XXe tandis
qu'un nouveau centre-ville se développe suite
à l'avancée des rails jusqu'au secteur
huppé de la ville haute, près du Mont-Royal.
Le Canadien Pacifique, propriétaire
du premier vrai transcontinental nord-américain,
y installe son siège social. À compter
de 1903, cette compagnie possède une flotte de
navires transatlantiques et une autre sur le Pacifique,
devenant ainsi la seule entreprise ferroviaire en Amérique
du Nord à se doter d'un réseau transcontinental.
L'Europe, l'Amérique et l'Asie sont désormais
réunis par Montréal.
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... ET MODERNE
À Montréal comme ailleurs,
l'après-guerre voit un boom de développement
sans précédent, d'ailleurs perceptible
dès la fin des années 1930 dans le nouveau
centre-ville, avec la construction d'une gare moderne
: le rail, de nouveau, se révèle un actif
moteur de développement et d'innovation. En 1967,
cette modernité s'affirme tout aussi fortement
à proximité du port, avec l'aménagement
de l'Exposition universelle sur le fleuve.
Témoin éloquent du
rôle de Montréal comme plaque tournante
continentale, ce spectaculaire concentré de patrimoine
urbain se démarque par sa compacité, unique
parmi les métropoles nord-américaines
et qui tient à deux raisons. Tout d'abord, l'emplacement
de la ville correspond exactement au point de rupture
de navigation, ce qui n'est pas le cas à New
York, Boston, Philadelphie ou Baltimore. Par ailleurs,
Montréal n'est pas devenue une mégapole
comme New York, de sorte que ses grands équipements
ont été construits dans un espace relativement
restreint.
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