En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
L’homme d’affaires et politicien James Ferrier fait construire un ensemble de deux maisons-magasins au cours de l’année 1842, dont il ne reste plus que l’immeuble à l'angle des rues Notre-Dame et Sainte-Hélène. Ferrier avait acquis en juin l’emplacement sans bâtiments. Dès le mois de décembre, il conclut un bail en vue du printemps suivant pour la maison-magasin située à droite (disparue) , ce qui suggère que tout l'ensemble est construit. Les marchands en gros et au détail de dry goods (tissus, articles de mercerie et peut-être d'autres produits) Waddell Smith & Company occupent la maison-magasin de gauche (celle encore en place) au moins dès 1844. Les rôles fonciers de la fin des années 1840 montrent qu’à l’instar des autres maisons-magasins, celle-ci sert au commerce et à l’habitation.
Cette double vocation est cependant de courte durée, puisqu’au début des années 1850 l’immeuble n’est utilisé qu’à des fins commerciales. Celui-ci est occupé par des marchands, principalement de dry goods, jusqu’au début du XXe siècle. Entre-temps, en 1855, Ferrier s’engage à apporter des améliorations à l’intérieur du bâtiment et à son fenêtrage. L’immeuble est alors communément appelé Albion House, peut-être parce qu’on y vend surtout des produits importés d’Angleterre.
La bijouterie Edmund Eaves Limited achète l’immeuble des héritiers Ferrier en 1907 et en devient le propriétaire-occupant; l'autre partie du bâtiment (disparue plus tard) est vendue à quelqu'un d'autre peu après. Vers 1910, l'étage supérieur de la propriété Eaves est habité. De nouvelles modifications intérieures sont apportées au bâtiment en 1922 et 1928. La Halifax Insurance Company y établit ses bureaux comme locataire en 1939 avant d’en devenir propriétaire dix ans plus tard.
La compagnie occupe l'immeuble jusqu'en 1961 alors qu'un restaurant-bar prend place (cocktail lounge). L'autre maison-magasin du même ensemble d'origine, à laquelle on avait ajouté des étages, ainsi que d'autres bâtiments à droite disparaissent au début des années 1980 pour être remplacés par un nouvel immeuble (1986). Un restaurant sichuanais s'y installe vers 1984; les fenêtres sont peut-être remplacées à cette époque. Le même restaurant s'y trouve toujours en 2015; il occupe également des locaux à l'étage et possiblement un bureau au dernier niveau.
Architecture
Cet immeuble présente les caractéristiques d'une maison-magasin des années 1840 incluant son coin arrondi alors très en vogue, mais un toit plat a remplacé l'ancien étage de comble. Cette maison d'angle, comme d'autres de son époque dans ce type d'emplacement, occupe presque tout le lot, avec un accès à l'arrière par une courte ruelle. De façon typique, les deux élévations donnant sur rue sont recouvertes d'un parement en pierre taillée à joints maigres, fait de hautes assises uniformes. À l'arrière, le long de la ruelle, le mur est en brique.
En façade principale, le bâtiment comporte au rez-de-chaussée une devanture commerciale avec des vitrines − anciennement dotées de grands carreaux. Font aussi partie des caractéristiques de maison-magasin les composantes d'esprit néoclassique. Des pilastres de facture très simple semblent soutenir l'entablement (masqué par des auvents) qui couronne les vitrines. Moins courants sont les pilastres qui se prolongent sur les autres niveaux avec, au sommet, des chapiteaux semblables à ceux du rez-de-chaussée. Au-dessus de la vitrine principale, un arc segmentaire décoratif apparaît entre deux segments de cordon mouluré, ce motif ayant fait partie d'une suite avec deux autres fausses-arcades identiques sur le bâtiment voisin disparu. Les larges fenêtres dans la section de mur arrondie, probablement dotées de meneaux séparant dès cette époque les sections latérales de la partie centrale, correspondent par ailleurs à un modèle courant dans l'architecture néo-grecque de l'époque, ce qui rend plausible la présence de toutes ces larges fenêtres dès 1842. Mais on sait qu'il y a eu des modifications au fenêtrage en 1855...
Si les larges fenêtres sont d'origine, celles de l'étage au-dessus du rez-de-chaussée − dans la section arrondie mais aussi dans l'arcade décorative − soulèvent une question d'ordre fonctionnel. On a pu vouloir mieux éclairer ainsi une éventuelle pièce de logement ou offrir la possibilité d'aménager un local prolongeant la boutique du rez-de-chaussée. La fenêtre arrondie de l'étage supérieur, qui aurait normalement desservi à l'origine une pièce franchement privée, étonne à cet égard. Une telle fenêtre à ce niveau constituerait certainement une nouveauté en 1842. Toutes ces larges fenêtres datent-elles de 1855?
Construction initiale
Date de construction :
1842
Propriétaire constructeur
:
James Ferrier (homme d’affaires et politicien) (propriétaire du 1842-06-22 au 1888-05-30) Informations biographiques disponibles pour l'année 1849 Ferrier décède le 30 mai 1888. Les héritiers conservent l’immeuble jusqu’au 28 janvier 1907. Ils vendent peu après la partie voisine (disparue).
Locataire ou autre usager d'origine :
Waddell Smith & Company (marchands de dry goods) (locataire à partir de v. 1844) Thomas Waddell, un des partenaires de l’entreprise, en prend seul la relève vers 1847.
Commentaire sur la construction
James Ferrier achète l’emplacement en juin 1842 sans bâtiments. En décembre, il loue une maison-magasin qui constitue la partie la plus à droite (vue de la rue Notre-Dame) d’un immeuble de trois étages au coin des rues Notre-Dame et Sainte-Hélène (notaire W. Ross, 22 juin 1842; notaire I.J. Gibb, 15 et 31 décembre 1842).
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) générale(s) :
commerce
habitation
Type particulier de bâtiment :
maison-magasin
Commentaire
La fonction résidentielle disparaît au début des années 1850.
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : vers 1900 (avant 1912) Modification à la volumétrie verticale du bâtiment. Disparition d'une toiture en pente ou mansardée.
L'étage de comble est démoli et ce qui était peut-être un toit à trois versants avec section arrondie (formant un comble adossé à un mur mitoyen) est remplacé par un toit plat.
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Edmund Eaves Limited (bijouterie) (propriétaire du 1907-01-28 au 1936-09-22) L’entreprise occupe l’immeuble.
Halifax Insurance Company (compagnie d’assurances) (propriétaire du 1948-01-27 au 1961-03-13) L’entreprise occupe le bâtiment du 1er janvier 1939 au 30 avril 1961.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0039-19-6156-00
Propriété
:
0039-19-6156 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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