En 1873, Charles-Odilon Beauchemin, associé à son beau-frère J.M. Valois, est copropriétaire d’un commerce d’imprimerie, d’édition et de librairie d’envergure située au 237 rue Saint-Paul (tout vraisemblablement l'actuel 161 rue St-Paul est). Cette firme publie depuis 1871 le très populaire Almanach du peuple. Très passionné par son métier d’imprimeur, il laisse souvent à son associé le soin du travail de typographie et d’édition pour se consacrer à la reliure et à la presse. Il habite la rue Germain dans la municipalité d'Hochelaga à l'est du Vieux-Montréal.
Né dans le comté de Nicolet, il a fréquenté le Séminaire de Nicolet durant quelques années avant d’apprendre le métier d’imprimeur. Il profita d’un passage à l’imprimerie Lovell de Montréal pour se perfectionner. La fondation de la Librairie Beauchemin relève de l’anecdote. En route vers la Nouvelle-Angleterre pour y vendre des livres français, Charles-Odilon Beauchemin fut victime d’un fâcheux incident où toute sa cargaison se retrouva à l’eau dans le port de Montréal. Afin de ne pas perdre toute cette marchandise, Beauchemin décida de faire sécher les livres récupérés et loua un hangar rue Craig (Saint-Antoine) et Saint-Denis où il installa un système de séchoir plutôt rudimentaire. La curiosité des passants lui fut profitable et il réussit à vendre tout son stock. Beauchemin s’installa définitivement à Montréal, sur la rue Saint-Paul, pour y poursuivre ses activités commerciales. Beauchemin, associé à Joseph-Moïse Valois depuis 1863, diversifia ses activités et fit l'acquisition d'une imprimerie contigüe à la librairie. En 1868, il déménagea l'imprimerie sur la rue Saint-Gabriel (l'actuel 420 Saint-Gabriel). Cet édifice, agrandi au fil des ans, sera utilisé à la fois pour les besoins de l'imprimerie, mais on y retrouvera bientôt le siège social de la maison Beauchemin. Ce ne sera qu'en 1964 que l'entreprise quittera la rue Saint-Gabriel pour se diriger vers la rue Beaumont.
En 1876, la Librairie Beauchemin et Valois (commerce au détail) déménagera dans des locaux plus spacieux, toujours sur la rue Saint-Paul, quelques maisons plus loin. En 1886, J.M. Valois se retirera de l’entreprise et Charles-Odilon Beauchemin s’associera à son fils, Louis-Joseph-Odilon. Il décédera l’année suivante, laissant à son successeur une entreprise prospère.
|