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LES MAGASINS-ENTREPÔTS
La construction des magasins-entrepôts
au cours des années 1850-1880, alors que Montréal
est devenue ville industrielle, représente sans
doute la plus spectaculaire mutation urbaine vécue
par le cur ancien de la ville. Ces grands bâtiments
commerciaux multifonctionnels et à plusieurs
étages comprennent tout à la fois des
espaces d'entreposage, des salles de montre, des ateliers
et des bureaux. Il en subsiste plus de deux cents
unités dans le Vieux-Montréal, souvent
regroupées en ensembles.
La présence massive de ces bâtiments
illustre le rôle joué alors par Montréal
comme principal centre de distribution canadien : les
importations transitent par la ville, et une très
large partie des nouveaux produits industriels locaux
passe par ces magasins-entrepôts. On y fabrique
même des produits : chaussures, bijoux, produits
chimiques, etc. La rue Notre-Dame, qui traverse le vieux
centre et sur laquelle plusieurs d'entre eux se dressent,
devient l'artère commerciale de pointe pour les
Montréalaises et les Montréalais friands
des produits industriels mis en montre dans ces nouveaux
lieux de vente au détail.
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... PRÉCURSEURS VICTORIENS
DU FONCTIONNALISME
Bâtiments des plus fonctionnels,
les magasins-entrepôts montréalais offrent
tout à la fois une grande flexibilité
intérieure, grâce à leurs poutres
supportées par des colonnes en fonte, et de larges
ouvertures grâce aux fines ossatures des fenêtres
pour lesquelles on utilise la traditionnelle
pierre grise locale, découpée en sveltes
blocs monolithiques. Par ce mode de construction, ils
préfigurent, à l'instar des cast iron
buildings de New York ou de Saint-Louis (dont les
façades entières sont en fonte,
toutefois), le courant rationaliste du XXe siècle,
selon lequel la forme doit simplement exprimer la fonction
la beauté architecturale découlant
de cette simplicité. Les historiens de l'architecture
parlent là de proto-rationalisme. À
Montréal comme à New York, cette approche
structurale sera maintenue pendant plusieurs décennies.
Cela dit, les ossatures de façade tiendront de
plus en plus un exubérant discours architectural
inspiré de la Renaissance et tout à fait
dans l'esprit victorien. Le Vieux-Montréal en
possède de superbes exemples.
Même pour les magasins-entrepôts
les plus épurés, les architectes savent
moduler ces façades et leurs couronnements de
façon à faire participer l'immeuble au
spectacle victorien de la rue et du quartier.
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